L'Avis pour dresser une bibliothèque (1627) reflète cette double influence : foisonnante liste de livres, encyclopédie des savoirs, monument d'autorités, cet ouvrage de jeunesse réalisé par un des membres de l'élite savante du premier XVIIe siècle mêle les noms, les titres, les thèmes et les sujets, s'attache à classer et à circonscrire les connaissances tout en s'inscrivant dans une dynamique prospective d'investigation et d'invention. Il y a du Warburg et du Borges dans cette entreprise fondatrice et formatrice qui réjouit, instruit et fascine par le vertige qu'elle imprime à l'esprit du lecteur moderne. Bibliothèque idéale, tombeau mélancolique des gloires vaincues et des certitudes acquises, l'Avis peut se lire comme un hommage en forme d'adieu à une culture du livre que l'épais et uniforme brouillard de l'oubli semble aujourd'hui être en passe de recouvrir.