La seule étude qui ait jamais intéressé l'homme est l'homme, Gœthe l'a dit cent fois après Pope. Mais l'homme est ainsi fait qu'il est inséparable de son intérêt, et comme son intérêt lui-même est inséparable de son salut, tout ce qui touche à ce salut, peut ou doit l'assurer, est une chose qui jamais ne le laissera indifférent.
Les hommes, pour y parvenir, en suivraient donc naturellement les voies, si un évènement funeste n'était venu contrecarrer et contre-battre l'aspiration universelle à l'éternité bienheureuse. L'attrait de l'immédiat, hérité du premier homme, pousse l'âme à fuir ce qui la heurte, pour s'abandonner à ce qui la flatte. La suite en est la damnation éternelle. Klopstock qui a connu, aimé le saint homme Job, a été frappé par l'image de cette terre ténébreuse dont il parle, où les tortures sont infinies et le lac sans fond, enfer qui est le même pour tous, où les souffrances pourtant sont inégales. Ce sort malheureux que les mauvais anges illustrent, eût été le partage nécessaire de tous les fils d'Adam, si le Christ n'avait paru. Il a payé pour tous. Mais ce qu'il pouvait accomplir sans peine, il le fit avec des peines infinies, pour prouver un amour qui triomphe dans sa faiblesse. À l'amour du Christ aux hommes devait répondre, par une loi naturelle d'attraction morale, l'amour des hommes au Christ, amour que la surnature bientôt recouvre et qui est le moyen de l'ascension des âmes à la félicité, ascension dont ne se trouvent exclus ni les bêtes, ni les corps, ni les mondes.