L'interprétation semble avoir une triple fonction : d'abord une fonction épistémologique, elle assigne à son objet la forme requise pour que l'on puisse accéder à son sens véritable ; ensuite une fonction éthique : elle prémunit l'auteur du message contre toute trahison de l'intention originaire ; enfin une évidente fonction didactique puisqu'il s'agit de traduire, dans des termes accessibles, un ensemble de significations d'abord livré dans un langage opaque. Mais interpréter, ce n'est pas seulement réduire l'équivoque à l'univoque, c'est aussi comprendre, entendre, rendre audible ou être à l'écoute. L'exégète interprète, le pianiste aussi. Le but de l'interprétation est-il alors de déchiffrer, selon les règles adéquates, ce qui sans elle resterait privé d'explication ou de rendre l'écho d'une parole en sa singularité ? Quelle dimension essentielle de l'existence humaine se révèle à travers la nécessité même d'interpréter ?