Après avoir lu de près et annoté le manuscrit de Cassirer sur la théorie de la relativité, Einstein se montra très intéressé et lui adressa cet éloge dans sa lettre du 5 juin 1920 : " C'est avec un très grand intérêt que j'ai étudié de manière approfondie votre ouvrage et j'ai surtout admiré l'assurance avec laquelle votre esprit maîtrise la théorie de la relativité. [...] Je crois que votre ouvrage est tout à fait propre à éclairer les pensées et les connaissances des philosophes sur le problème physique de la relativité ". En s'inspirant directement de la " méthode " kantienne et des fondements de la philosophie critique, Cassirer s'efforce de nous livrer ici une interprétation transcendantale des acquisitions de la théorie de la relativité d'Einstein. Ainsi, la philosophie de la connaissance n'a ni à déduire " a priori " la réalité physique (certains post-kantiens l'avaient, hélas, oublié), ni à se borner à n'être que la servante des sciences : sa fonction critique consiste essentiellement à dégager de l'histoire effective des théories scientifiques la pensée qui les a produites, et à retrouver en celle-ci leur signification transcendantale déterminée. Tout se passe comme si Cassirer avait mis en mouvement la " Critique de la Raison pure " en n'hésitant pas à tenter de " comprendre Kant mieux qu'il ne s'est compris lui-même ", de la même manière que ce dernier s'était proposé de comprendre Platon.