Le sport, l'empire du dérisoire ?
Quoi de plus dérisoire au regard de l'histoire du monde, des causes premières et des fins dernières, de la destinée post mortem de l'âme, de la lutte cosmique entre le Bien et le Mal, de la guerre entre les empires, que la course folle d'un ailier de football le long de la ligne de touche, que la percée serpentine d'un demi de mêlée de rugby dans la forêt effrayante des avants adverses. Les noms mêmes de Platini, de Pelé, de Coppi, ne pèsent rien face à ceux de Platon, de Shakespeare, de Beethoven. Et pourtant, dans cet empire du dérisoire, la beauté du sport trouve sa place.
Robert Redeker est un amoureux du sport, ce qui rend sa pensée critique radicale d'autant plus captivante. Le sport, dit-il, relève du phénomène culturel en fabriquant du consensus, et c'est en cela, ajoute-t-il, qu'il est antinomique avec la culture.