Quelle que soit l'importance des facteurs infrastructurels, la société politique est organisée pour Eric Voegelin (1901-1985) autour de symboles, qui sont les fruits de l'activité de la conscience pour traduire l'expérience de son rapport à un ordre transcendant. La réflexion politique est ainsi indissociable d'une réflexion anthropologique sur la religion. L'histoire de la modernité est celle de la destruction de cet ordre de l'existence humaine et de la société, destruction elle-même issue d'un acte spirituel et dont le terme ultime est le totalitarisme. Voegelin ne rejette cependant pas la modernité tout d'un bloc, mais oppose à une modernité " effrénée " une modernité " de compromis " qui ne sacrifie pas au culte de l'immanence cette expérience de la relation de l'existence humaine à la transcendance du fondement. C'est en cette triple direction –; politique, religion et histoire –; que se déploie ainsi la " nouvelle science du politique " proposée par Voegelin.