Le mouvement franciscain a su participer à l'émergence de l’esprit moderne, mais aussi donner des forces pour l’évaluer dans ses limites — l’esprit de surveillance — et ses audaces. Ce mouvement, initié par François d’Assise (1181-1226), est générateur d’un certain mode de gouvernance « mineure » et d’un style puissant de pensée, pas seulement d’un usage simple de la nature ou des biens médiateurs, et d’un art de la fraternité. Cette pensée plurielle — illustrée ici par une nouvelle chronologie intellectuelle ample et précise — s’est développée sur tous les continents selon diverses modalités que le présent ouvrage s’efforce de repenser, en mettant l’accent sur son attrait majeur (la plus importante pensée de la liberté avant Kant, suivant Hannah Arendt), et sur l’effroi qu’elle provoque — dès lors qu’elle met en relief la contingence de la logique de l’univers, du vivant, de l’homme comme existibles ; contingence de ses morales, politiques et sciences, mais encore de ses religions et perceptions de l’infini.
La pensée franciscaine suggère que la meilleure force de la vie, c’est de pouvoir apprécier cette contingence comme une franche aventure — ni hasard, ni nécessité, ni artificiel dosage de l’un et de l’autre, mais ce qui nous touche librement dès l’aube de toute conversation voulue et novatrice avec le monde.
Bernard Forthomme, ofm, est professeur aux Facultés Jésuites de Paris (Centre Sèvres). Il a publié notamment : De l’acédie monastique à l’anxio-dépression (2000) ; L’Expérience de la guérison (2002) ; La Jalousie (2005) ; La Conversation et les écoutes difficiles (2007) ; Théologie des émotions — structurée par l’expérience théâtrale (2008) ; Les Aventures de la volonté perverse (2010), une Théologie de l’aventure (2013) et, récemment, La Voie libre, consacrée au franc-parler.