« Mais si, mais si, j’écris, mais bien sûr que j’écris, puisque je suis autrice. C’est ce qu’on dit, et que j’essaie de dire, bouffie d’imposture. Mais ça bouchonne au portillon, toutes les idées se bloquent, toutes les images se figent. Tant que celui-là ne sera pas écrit, je n’écrirai rien d’autre. Celui-là, l’auto-fiction, le roman, la pièce, le monologue, le dialogue, la chose, là, sur ma mère. La chose qui me mine et m’étouffe, le cri, la gueulante qui ne me lâche pas, et me coince, et m’empêche. Le merdier où surnagent des mots pêchés dans un lac de fer, modelage, inquiétude, humiliation, inquisition, fusion et asphyxie, il va bien falloir l’ordonner, le mettre en langage, l’apprivoiser en souvenir, le délier, le délivrer, j’ai mal où tu as disparu. »

C’est le portrait d’une femme dévastée, superbe, obsédée par la beauté des corps et brisée par la Shoah.
C’est l’histoire d’un silence et d’une enfance minée par le secret, d’une relation mère-fille fusionnelle dans l’amour et la haine.
C’est un membre fantôme qu’il va falloir, un jour, apprivoiser.