Si le Panégyrique de Théodoric d’Ennode a reçu un accueil favorable, ses Épîtres ont longtemps été méconnues, en partie à cause de la complexité de leur langue. Quant à l’auteur, il fut longtemps négligé, au point de faire figure d’« épouvantail » de l’Antiquité tardive. L’intérêt renouvelé pour l’épistolographie antique a favorisé la redécouverte de la correspondance d’Ennode, essentielle tant à la compréhension de la période qu’à l’histoire du genre. Elle constitue en effet un témoignage rare et exceptionnel sur l’Italie théodoricienne, sur la collaboration de la noblesse romaine avec le pouvoir ostrogoth et sur la vitalité des lettres latines après la chute de l’Empire d’Occident. Les Épîtres appartiennent à la jeunesse d’Ennode et reflètent les différentes étapes de sa carrière ecclésiastique avant qu’il n’accède au siège épiscopal de Pavie en 513 : issu d’une grande famille de l’aristocratie consulaire, Ennode franchit un à un tous les degrés de la réussite depuis sa Provence natale jusqu’à l’épiscopat. Elles montrent en outre l’intrication des cultures païennes et chrétiennes : dans la prose ouvragée d’Ennode, l’influence des Pères et de la Bible ne masque pas celle de Virgile.
La présente édition regroupe en un volume les 54 lettres des deux premiers livres de la correspondance d’Ennode, qui couvrent les années 500-503. La riche Introduction constitue une véritable somme, tant sur l’œuvre que sur la période, et fournit toutes les informations nécessaires à la bonne intelligence de ce texte méconnu. Elle contient en outre une analyse du style d’Ennode de même qu’une histoire détaillée de la transmission et de la réception des Épîtres, assortie d’un répertoire des manuscrits ennodiens. Le lecteur soucieux d’approfondir trouvera de judicieuses pistes de lecture, en particulier sur la christianisation de la culture profane, ainsi qu’une bibliographie sélective. L’ouvrage est enrichi de notes ainsi que d’un résumé de chaque lettre, et propose en appendice l’Épitaphe d’Ennode.