Les tragédies de Sénèque ont inspiré directement, et parfois littéralement, Shakespeare, Corneille et Racine, et pourtant, jusqu'au XXe siècle, on les tenait pour injouables et leur réputation était exécrable auprès des critiques.
Tout a changé à partir de 1932 où Georges et Ludmilla Pitoëff ont monté Médée, suscitant l'enthousiasme d'Antonin Artaud qui dès lors vit en lui « le plus grand auteur tragique de l'histoire [...]. Je pleure en lisant son théâtre d'inspiré, et j'y sens sous le verbe des syllabes crépiter de la plus atroce manière le bouillonnement des forces du chaos ».
Aujourd'hui, on ne se pose plus la question de savoir si Sénèque est jouable, on le joue.
L'écriture versifiée est un élément scénique majeur de ces textes dont une grande partie était chantée, voire dansée. C'est entre autres pour cette raison qu'on les trouvera traduits ici, non seulement vers pour vers, mais avec la même variété métrique que dans le texte original.