À travers, entre autres, Marie Bell, l'incomparable tragédienne de Racine, Micheline Boudet, la rieuse interprète de Marivaux, fait revivre l'époque bénie de leur passion commune : le théâtre.
La première fois qu'elles se sont rencontrées, Micheline Boudet avait dix ans : petit rat de l'Opéra, elle avait été retenue pour chanter et danser dans la pièce de Supervielle, Bolívar, dont Marie Bell était l'héroïne sur la scène du Français. C'était en 1936, Marie Bell était alors l'une des comédiennes les plus en vue de Paris. Par la suite, leurs routes se croiseront souvent – elles ont en commun leurs débuts (toutes deux sont venues au théâtre par la danse et le ballet de l'Opéra ; toutes deux ont fait une longue carrière de sociétaires à la Comédie-Française) et une même passion pour la comédie et le jeu. Juxtaposant ses propres souvenirs au parcours de celle qui fut – entre autres – une inoubliable Phèdre avant de devenir une grande directrice de théâtre (le Gymnase Marie Bell), Micheline Boudet revisite un demi-siècle de théâtre français, entre petite et grande Histoire. On y apprend les petits secrets et les grandes manœuvres de la maison de Molière, dont le grand public connaît si mal le fonctionnement, qui est passionnant. On y retrouve Édouard Herriot en amoureux des beaux-arts, Louis-Ferdinand Céline en ami bougon mais éperdu, et tous les monstres sacrés de l'époque, de Jouvet à Raimu en passant par Robert Hirsch, le couple Renaud-Barrault, Jean Cocteau, Gérard Philipe...