Alain Corbin est l'un des rares historiens contemporains dont le nom est associé à une nouvelle façon de faire de l'histoire. Historien des sens, des corps et des émotions, il nous permet d'accéder au plus intime grâce à une lecture sans préjugé des documents d'époque. Ce volume témoigne des trois grandes manières dont il a abordé ses terres familières.
Dans Le Miasme et la Jonquille, il livre son manifeste pour une histoire du sensible. Il prouve de manière magistrale que l'histoire d'un sens, ici celle de l'odorat, est de même valeur et de même intérêt que le récit d'une épopée ou d'une révolution.
Dans Le Village des " cannibales ", il étudie un cas de folie collective au coeur d'une province française. Un jour de l'été 1870, à Hautefaye, petite commune de Dordogne, sous l'effet de l'entrée en guerre et des premiers désastres, les villageois réunis pour une foire traditionnelle se transforment en autant de bourreaux. Le supplicié, un jeune aristocrate, supposé républicain et par là même ami de la Prusse, mourra après avoir subi les pires atrocités, victime expiatoire des fantasmes et des pulsions d'une population déchaînée.
Autre exploration : celle du Monde retrouvé de Louis-François Pinagot où Corbin se lance sur les traces d'un inconnu, un sabotier analphabète du XIXe siècle, qui a vécu près de quatre-vingts ans sans laisser aucune trace directe, mais dont l'historien réussit à reconstituer l'univers matériel aussi bien que mental avec la même précision que s'il s'agissait d'un personnage illustre. Un ouvrage unique en son genre sur un de ces " hommes sans qualité " auxquels Alain Corbin n'a cessé de s'intéresser.