Pour Les Contemplations, Victor Hugo avait espéré que le printemps jersiais lui redonnerait, après la tourmente de Châtiments, la sérénité. Il ne pouvait pas prévoir qu'en octobre 1855, il serait expulsé de Jersey et devrait se réfugier à Guernesey, ce qui, d'ailleurs n'interrompit pas son travail. Menant de front les projets, augmentant sans cesse sa « grande pyramide », Hugo réunit pour la publication une équipe comprenant Hetzel et des amis comme Noël Parfait et surtout Paul Meurice. Samuel continua de suivre les oeuvres imprimées par lui.
Il y eut double publication, à Bruxelles et à Paris. Exploités, harcelés, flattés, les partenaires bénévoles travaillèrent avec l'enthousiasme de la conviction. Hugo savait que le succès dépendait de la stratégie commerciale et de l'appareil publicitaire dont il pouvait disposer, cajolant les journalistes amis et s'assurant que des articles paraîtraient dans la presse hostile : en France, un éreintage était préférable au silence. Le nouveau recueil lyrique, paru le 23 avril 1856, fut un énorme succès littéraire et financier. A Guernesey, où il s'était réfugié au début de novembre 1855, Hugo acheta une maison, qu'il baptisa Hauteville House, et fit savoir par voie de presse qu'elle avait été payée par les profits des Contemplations.
Ce second volume de la correspondance entre Victor Hugo et ses éditeurs est du à Sheila Gaudon, spécialiste reconnue de la correspondance de Victor Hugo. Il comporte de nombreux documents inédits et sort de l'ombre une foule de personnages qui sont les auxiliaires discrets du succès littéraire.