Agenouillée devant une porte d’immeuble, elle sort un à un tous les objets de son sac tandis que les gens se dirigent vers on ne sait où d’un pas qui semble fuir quelque chose qui les talonne.
On ne lui prête pas attention.
Elle préfèrerait perdre sa carte d’identité, ses clés, son passeport, sa carte de crédit, tout ce qui se copie à l’identique en quelques formalités pénibles, plutôt que ça.
L’inventaire est presque terminé, ses affaires sont étalées par terre, mouillées – tant pis – elle retourne son sac : barrettes, médicaments, stylo, poussière, c’est tout, le sac est vide, quelque chose en elle se fige, elle n’a qu’un gant.
Ce n’est pas possible.
Dans un Paris sombre et pluvieux, la perte d’un gant entraîne une femme à retraverser la ville à rebours de sa journée. Cette recherche dans la nuit devient peu à peu une errance où surgissent des souvenirs liés aux lieux et à ce gant manquant qui cristallise un choix non-résolu et l’enjeu d’un changement de vie.
L’écriture d’Anne Collongues suit les méandres des pensées de cette femme. Tel un long monologue intérieur, les souvenirs affleurent au fil de ses déambulations dans la ville.
Les encres de Patrick Devreux accompagnent l’errance de la jeune fille, en créant une atmosphère sombre, où la réalité et les souvenirs se fondent dans l’obscurité, passants et souvenirs fugaces se transforment en ombres.
Une errance moderne dans la ville et dans les souvenirs.