" On ne devient pas marin, on naît marin. Et par " marin ' j'entends non pas ces individus quelconques et sans ressort qui composent aujourd'hui les équipages des grands paquebots, mais l'homme capable de manoeuvrer ce complexe de bois, de fer, de cordages et de toile que représente un navire, et l'obliger à obéir à sa volonté sur la surface des flots. " Cette rude déclaration de principe cent fois réaffirmée par Jack London sous-tend le versant de l'oeuvre tout entière consacrée à la mer. La brève période pendant laquelle il navigua comme mousse pour la chasse aux phoques, la longue croisière qu'il effectua dans les mers du Sud à bord de son propre yacht le Snark lui ont inspiré tantôt des histoires sombres, violentes et sanglantes, comme Le Loup des mers ou Les Mutinés de l'" Elseneur " ; ou bien des aventures parsemées de lagons, de coraux et de cocotiers : Histoires des îles, Contes des mers du Sud, Fils du Soleil. Mais que notre dépaysement naisse des embruns et des tempêtes ou qu'il soit bercé par le souffle chaud des alizés, le message ne varie pas. L'exotisme, la mer, les vagues, les fêtes indigènes, les léproseries, les trafiquants aventureux ou ironiques ne font que composer un environnement dans lequel s'inscrit l'implacable combat de la vie.
Guy Schoeller.