Comment penser la Promesse faite par Dieu à Abraham qu'il deviendrait une " grande nation ", source de " bénédictions pour toutes les familles de la terre " (Gn 12,2), au cœur d'une histoire où seule compte la lutte pour la puissance et la reconnaissance ? L'Exil durable d'Israël signifie, pour beaucoup, une épreuve de patience et un retrait de l'histoire jusqu'au retour à Sion qui attestera la pérennité de la Promesse. Pourtant l'histoire promise à Israël ne doit-elle pas se penser autrement ? Comme une veille sur l'impératif de sainteté qui juge les conquêtes de l'histoire profane, dans une lecture interrompue du Livre. Mais la sainteté doit-elle alors se passer de gloire et risquer, à chaque instant, la passion ? Et comment espérer une rédemption vouée à réparer la chaîne des générations en ses maillons brisés par une histoire sans sainteté ? Une eschatologie pensée comme intrusion de l'éternité dans l'histoire, dès maintenant, suffit-elle à la transfiguration du devenir et à la venue du visage humain ?