Le sacrifice humain n'a-t-il pas pris une place plus grande qu'on ne voudrait l'admettre dans l'histoire de la société occidentale et dans la formation de ses mythes ? Ne retrouve-t-on pas, derrière les récits associés à la fondation des nouvelles nations ou aux guerres qui ont rythmé leur évolution, l'ombre du sacrifice humain ? C'est ce qu'avance Hyam Maccoby. Le sacrifice humain, pratiqué rituellement par un peuple au moment d'une crise extrême, est censé le délivrer d'une culpabilité envers son dieu. Mais, presque toujours, le " sacrifice nécessaire " reproduit la culpabilité. L'exécuteur sacré (dieu ou être humain), de par la mort qu'il a donnée à un autre être humain, se trouve en même temps maudit et sacré, voué à l'errance et protégé des dieux. Si l'exemple le plus célèbre de cette figure pour notre culture reste Caïn, l'analyse de H. Maccoby – portant sur les récits de l'Ancien Testament puis sur ceux du sacrifice de Jésus – nous introduit à une nouvelle compréhension de figures mythiques telles que Romulus, le dieu égyptien Set ou encore le Juif errant. Elle nous permet aussi de mieux comprendre le phénomène du bouc émissaire, dont l'antisémitisme à travers lequel le monde moderne perpétue des types de sentiments nés de rituels antiques.