La notion de personne connaît de nos jours une vogue ambiguë dans les débats éthiques ou les discours politiques : on ne souligne parfois le respect dû à la personne que pour mieux suggérer que tous les hommes ne sont peut-être pas des personnes. Entre le point de vue purement intérieur du " sujet " et la perspective externe (celle du sociologue, par exemple) dans laquelle " les individus " sont saisis, les personnes, qui n'existent qu'au pluriel et dans une communauté de reconnaissance de l'unicité de chacune, sont le lieu fragile où s'atteste la dignité humaine. Spirituelles mais faites de chair et de sang, libres mais toujours ancrées dans un contexte, les personnes sont les êtres qui ont une nature. Déployant toute la richesse de cette expression, alternant, dans un style limpide, les exemples concrets et les références précises à l'histoire de la pensée, Robert Spaemann propose ici une synthèse magistrale entre l'engagement résolu et la profondeur philosophique.