Se demander ce qu'a été le mercantilisme revient presque inévitablement à poser la question de la formation des plus impor­tantes institutions économiques et politiques de la modernité. Cette recherche essaie de contribuer tout particulièrement au réexamen des formes et des modalités d'exercice des rapports de pouvoir qui ont caractérisé la naissance de nouvelles pratiques économiques et de gouvernement, et cela selon une double perspective à la fois généalogique et dialectique. Différence et continuité, contingence et retour de tendances et de processus qui, dans le monde globalisé, paraissent se reproposer avec ponctualité : face à cette double évidence, il nous a semblé que tout choix méthodologique univoque ne pouvait être que partial. Il était donc clair que le maintien d'une tension irrésolue - et peut-être impossible à résoudre - entre généa­logie et dialectique du mercantilisme, et plus généralement encore de la modernité, pouvait offrir la possibilité de nouvelles questions et la réouverture de vieux problèmes. De la sémantique de la richesse à la construction d'une domination qui, pour la première fois, délimitait les contours d'un monde; des institutions de la politique économique aux subjectivations à l'œuvre dans les modalités du travail et de l'exploitation, nous avons avant tout cherché à vérifier, à ces niveaux comme à d'autres, la fécondité d'un choix.