Wolfgang Köhler (1887-1967), expérimentateur hors pair et théoricien inventif, directeur du prestigieux Institut de Psychologie de Berlin sous la République de Weimar, est un peu oublié aujourd'hui.
À l'origine d’un des courants majeurs de la psychologie au XXe siècle avec ses amis de l’école de Berlin, Kurt Koffka et Max Wertheimer, on lui doit la version la plus accomplie de la Gestalttheorie (Théorie de la Forme, de la Figure, de la Structure...), théorie générale de la cognition, fondée sur le primat de la perception, en même temps que théorie universelle des formes, ayant vocation à valoir dans une pluralité de champs de connaissance.
Pionnier des recherches sur l’intelligence des primates, Köhler est aussi l’auteur d’une théorie qui, pour la première fois, jette un pont entre phénoménologie et physique, entre l’expérience vécue et l’ordre décrit par les sciences de la matière. Deux leitmotivs reviennent à travers toute son œuvre: l’unité de la perception, de l’action, et de l’expression, et la continuité entre organisation physique, forme, et sens.
On s’attache ici à restituer les grandes articulations et les principaux apports de cette œuvre, qui mobilise plusieurs registres (mathématiques, physique des formes, anthropologie générale), pour en montrer la pertinence face au behaviorisme et à la psychologie introspectionniste; à la situer (ainsi que ses prolongements contemporains) dans le contexte des neurosciences montantes; à indiquer ce que pourrait être sa contribution au difficile débat en cours entre les sciences cognitives et les sciences de la culture.