Le dialogue L'Intelligence des animaux est encore généralement cité sous le titre latin De sollertia animalium, le titre grec étant Des animaux terrestres ou des animaux aquatiques lesquels sont les plus intelligents. Plutarque y présente successivement un dialogue entre deux maîtres sur le problème général de l'intelligence des animaux, puis une joute oratoire entre deux équipes d’étudiants représentées chacune par un porte-parole, l’un étant chargé de démontrer que les animaux terrestres (et aériens) sont les plus intelligents, l’autre que ce sont les animaux aquatiques, l’ensemble, y compris le dialogue philosophique d’ouverture, devant prouver que les animaux possèdent la raison, et cela en opposition frontale avec la doctrine stoïcienne sur la question.
La présente édition comporte une notice étudiant successivement
– le genre de l’ouvrage entre philosophie, rhétorique et exposé scientifique la plupart du temps détourné en catalogues de mirabilia ;
– l’identité des personnages du dialogue et le cadre institutionnel dans lequel Plutarque les met en scène ;
– la date, réelle et supposée, du dialogue ;
– le discours sur la chasse auquel le dialogue fait allusion ;
– la doctrine de Plutarque sur l’intelligence des animaux ; cette étude tend à montrer que Plutarque, en dehors de l’exercice rhétorico-philosophique auquel il se livre dans le dialogue, était convaincu de ce que la possession de la raison est propre à l’homme, et que le noyau dur de sa pensée concernant le règne animal était l’admiration et la sympathie pour les bêtes ;
– les sources d’information de Plutarque en matière de zoologie et d’éthologie ; cette partie rassemble un certain nombre d’éclaircissements relatifs à certains passages du texte et nécessitant des explications trop longues pour figurer dans les notes.
– ne description de l’état de la tradition manuscrite.
Le texte est établi sur la base d’une égale attention portée aux trois principales familles de manuscrits (parmi lesquelles la surabondante famille née de l’édition de Planude est loin de fournir constamment les meilleures leçons). Ce choix ne diffère pas de celui de l’éditeur précédent, C. Hubert dans la collection Teubneriana (1954). Les différences de la présente édition par rapport à la Teubneriana sont occasionnelles. L’apparat critique en revanche est plus développé et plus explicite (positif et non plus négatif).
Les notes sont appelées dans la traduction. Une partie d’entre elles peuvent figurer en bas de page sous la traduction, mais beaucoup doivent être reportées dans une collection de «Notes complémentaires». Une partie du travail d’annotation est consacré à l’identification, quand elle est possible, des espèces animales évoquées, qui tient compte des progrès récents accomplis en matière d’archéozoologie.
L’édition comporte enfin un index des noms d’animaux.
Jean Bouffartigue est professeur émérite de langue et littérature grecques à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense. Il est connu pour ses travaux sur l’empereur Julien, avec notamment L'Empereur Julien et la Culture de son temps (Paris, Études Augustiniennes, 1992) ; sur le philosophe Porphyre, avec notamment l’édition de Porphyre, De l'Abstinence, t. I et II (CUF, 1977 et 1979, en collaboration avec m. Patillon) et « Porphyre et Julien contre les chrétiens. Intentions, motifs et méthodes de leurs écrits », dans S. Morlet, éd., Le Traité de Porphyre contre les chrétiens. Un siècle de recherches, nouvelles questions (Paris, 2011, p. 408-426) ; sur le thème de l’animal dans l’Antiquité, avec notamment « La prévision du temps par l'observation des animaux. Étude des sources grecques », dans C. Cusset, éd., La Météorologie dans l'Antiquité, entre science et croyance (Saint-Étienne 2003, p. 397-413).