Je vis à une époque où des enfants se suicident. Ce n'est plus la princesse au bois dormant qu'il faut réveiller, c’est le réveil lui-même. Ils ne sont pas nombreux, les êtres qui ne confondent pas le monde « contemporain » chlorotique avec la vérité de la vie. J’ai envie d’une réalité qui électrise le plus tendre de mon cœur. Mais c’est à moi de la percevoir, de la comprendre. Elle vient de partout insuffler ce qui dessoiffe l’esprit.
Près d’Abu Dabi, dans les Émirats arabes unis, Masdar sort des sables. Masdar ? Un titanesque chantier à ciel ouvert, une ville écologique hightech que finance la manne pétrolière. Le théâtre, aussi, des métamorphoses d’un monde qui confond chaque jour un peu plus la technique et le vivant. Pour dire cette mutation, Mathieu Terence livre une réflexion aux confins de l’enquête philosophique, du traité d’urbanisme et du récit de voyage. Au terme d’un périple griffé d’éclats poétiques qui le mènera jusque dans le désert, au sud de Liwa, le narrateur de Masdar, témoin de l’uniformisation de la planète aura lui aussi changé, et le lecteur trouvé peut-être les conditions d’une renaissance.
« Locus » propose la rencontre d’un lieu et d’un regard.
Celui de Mathieu Terence, romancier, poète et essayiste, s’attache à déceler les signes de « la mue du monde » à l’Œuvre dans nos sociétés. Masdar, qui décrit sa manifestation urbaine, s’inscrit dans un cycle inauguré par Le devenir du Nombre (Stock, 2012).