Les compagnes de Dionysos, les Ménades, nous sont connues par les textes anciens, littéraires et épigraphiques, et surtout par les monuments figurés. Dans cet ouvrage, le premier en langue française sur le thème, l'auteur privilégie plus particulièrement les vases grecs qui permettent de faire remonter le personnage le plus haut dans le temps. L'ouvrage permet de suivre, sur la panse des vases au dessin remarquable, parfois exceptionnel, les évolutions de ces figures tourbillonnantes ou sages, représentées soit seules, soit au côté de Dionysos ou, le plus souvent, en compagnie de satyres entreprenants.
Pourquoi de telles images sont-elles si fréquentes sur des objets utilisés au banquet mais aussi offerts aux morts et découverts dans des tombes ? La Ménade, qui hante les solitudes écartées, boit le vin et danse avec les hommes ou s'adonne au sexe librement, n'est-elle pas aux antipodes de l'épouse ou de la mère grecque confinée dans sa demeure ? Toute de séduction, elle fascine autant qu'elle fait peur par les débordements qu’elle incarne, si caractéristiques, dans la pensée grecque, des dangers que redoutent les hommes de la part de la race des femmes. De telles représentations font allusion aux périodes où les femmes, contrôlées par le rite, font les Ménades pour le dieu. La pratique encadrée du dionysisme rend possible la représentation des périls de l’irrationnel féminin et explique, pour une part, le succès de telles figures.
Marie-Christine Villanueva Puig, agrégée de lettres classiques, ancienne élève de l'École du Louvre et docteur ès Lettres de l’Université de Paris I (Panthéon Sorbonne) est actuellement chercheur au CNRS (Centre Louis Gernet, Paris), chargée de mission au Musée du Louvre (Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines) et enseignante à l’École du Louvre (arts figurés de la Grèce ancienne et iconographie antique). Ses recherches portent sur le vase grec et sur le monde dionysiaque au féminin. Elle a notamment publié Images de la vie quotidienne en Grèce dans l'Antiquité (Hachette, 1992).