"Tout ce que je suis, tout ce que j'ai fait, c'est, peut-être, parce que ma mère ne m'aimait pas.". Gisèle Halimi analyse, d'une manière à la fois très fine et très violente, la profonde blessure de son enfance, l'élément déterminant de sa psychologie et de sa vie entière.
"Ma mère ne m'aimait pas. Ne m'avait jamais aimée, me disais-je certains jours. Elle, dont je guettais le sourire - rare - et toujours adressé aux autres, la lumière noire de ses yeux de Juive espagnole, elle dont j'admirais le maintien altier, la beauté immortalisée dans une photo accrochée au mur où dans des habits de bédouine, ses cheveux sombres glissant jusqu'aux reins, d'immenses anneaux aux oreilles, une jarre (on disait une gargoulette) de terre accrochée au dos tenue par une cordelette sur la tête, elle, ma mère dont je frôlais les mains, le visage pour qu'elle me touche, m'embrasse enfin, elle, ma mère, ne m'aimait pas." - G.H.
Dans une réflexion à la fois intimiste et profonde, la mal-aimée tente l'analyse de ce manque obsédant et de ses traces. "Tout ce que je suis, tout ce que j'ai fait, c'est, peut-être, parce que ma mère ne m'aimait pas." Livre d'émotion mais aussi de violence où le mythe de l'amour maternel vole en éclats et où, malgré les "substituts", se construit une personnalité en révolte contre l'injustice.