Lancé par le succès considérable de son tout premier roman, Sous le soleil de Satan (paru en 1926), Georges Bernanos se jeta immédiatement dans l'écriture fiévreuse de L'Imposture. Son troisième roman, La Joie, suite de L'Imposture, a été récompensé par le Prix Femina en 1929.
La joie est un thème si fondamental chez Bernanos qu'il est même devenu le titre d'un de ses plus grands romans.
L'action de ce roman se déroule dans le château artésien de M. de Clergerie, historien médiocre, obsédé d'ambitions académiques, né pour faire non une vie, mais une carrière. Habitants de la demeure : la mère de M. de Clergerie, murée dans le mensonge que symbolise la détention d'un trousseau de clés ; Fiodor, le chauffeur russe éthéromane étrangement sensible au mysticisme ; Fernande, la cuisinière ; François, le valet. Et au milieu d'eux, personnage principal, Chantal de Clergerie, jeune fille radieusement belle, toute pureté, fraîcheur et joie - une joie mêlée de souffrance quand elle est extatique et dont elle est prête à faire le sacrifice pour le salut des autres.
" Qui cherche la vérité de l'homme doit s'emparer de sa douleur. " Extrait de La Joie
" Cette ouvre n'offre aucune commune mesure avec quoi que ce soit d'autre, soit dans le présent, soit même dans le passé. " Gabriel Marcel
" Bernanos, de sa poigne rude, nous maintient dans cet univers de la chute et de la Rédemption, qui est le nôtre à tous, croyants et incroyants. Car il n'est pas nécessaire d'avoir la foi pour s'y reconnaître [...], tel est le pouvoir de cette ouvre fulgurante. " François Mauriac
" Il a écrit les plus belles scènes de la fiction moderne, par la profondeur et la puissance. " André Malraux
" Bernanos savait toutes ces choses qui nous font souffrir. C'est même de cela que sa grandeur était faite. Il avait beau se présenter à nous en veston, il était l'homme de l'invisible. " Julien Green
Georges Bernanos (1888-1948), homme de foi et de passion, chrétien de combat et solidaire des pauvres, anticonformiste et polémiste, débute dans le journalisme en collaborant à L'Action Française. Il rompt toutefois avec Maurras dès 1932, allant jusqu'à critiquer âprement nombre de principes qu'il avait jusque-là défendu et se rapprochant entre autres de Mauriac et Malraux. À son retour des tranchées en 1918, il devient inspecteur d'assurances. Son premier roman, Sous le soleil de Satan, publié le 18 mars 1926 (il a alors 38 ans), remporte un succès considérable qui le convainc de se consacrer exclusivement à l'écriture. S'attaquant au conformisme bourgeois au nom de ses convictions catholiques, s'affirmant " ni de gauche ni de droite " et ne se rangeant dans aucun parti, le romancier du " réalisme surnaturel " et des conflits intérieurs est surtout l'ennemi de toutes les veuleries qui diminuent l'homme et de toutes les tyrannies qui l'écrasent. Bernanos s'installe aux Baléares en 1934, où il écrit son second chef-d'ouvre, Journal d'un curé de campagne. Lorsque éclate la guerre civile espagnole, écrivain témoin de son temps, il ne tarde pas à prendre le parti des victimes dans le violent pamphlet antifranquiste Les Grands Cimetières sous la lune (1938), pourfendant avec véhémence la compromission du clergé. Face à la montée des fascismes, il quitte ensuite l'Europe pour s'installer au Paraguay (un rêve d'enfance), puis au Brésil, où il entreprend l'élevage de buffles. Il y passera la guerre en défendant sans cesse la cause de son pays déchiré et devenant l'un des plus grands animateurs spirituels de la Résistance française. En juillet 1945, Bernanos rentre en France où il meurt trois ans plus tard. Son ouvre romanesque est constamment rééditée.