L'essence de la calligraphie consiste avant tout à respecter dans la lettre sa dimension
invisible. Parce que la Bible et le Talmud furent longtemps la seule patrie du peuple juif, le calligraphe hébreu, comme en témoigne ici Frank Lalou, s'adonne à une véritable ascèse destinée à transcrire le texte sans la moindre coquille, et à en transmettre l'esprit dans toute sa pureté. Calligraphier, c'est d'abord entretenir une relation intime avec les vingt-deux lettres de l'alphabet hébreu, dont chacune à sa façon participe à la Création du monde et nous parle un langage symbolique. C'est aussi entrer dans une posture précise et dans une attitude intérieure de méditation, afin que le corps entier se fasse signe parmi les signes. C'est enfin maîtriser l'art de l'Illisible pour laisser transparaître, à travers le travail des formes, toute la beauté de l'Indicible.
En nous invitant à partager son voyage au pays des lettres, Frank Lalou élargit son propos bien au-delà de sa propre culture. Il nous fait découvrir la calligraphie universelle, entre autres les traditions latine, arabe et chinoise, comme une véritable voie de l'Être.