Entre metteur et favori du duc Alexandre qui règne en tyran débauché sur la cité de Florence corrompue, Lorenzaccio n’est pas ce qu’il paraît : un jour de 1537, il assassine le duc avant de mourir lui-même – sans que la cité recouvre sa liberté. C’est sur la réalité historique de la Renaissance italienne que Musset s’appuie pour écrire le drame qu’il publie en 1834 dans Un spectacle dans un fauteuil, et qui ne sera pas joué de son vivant. Mais la pièce s’écrit aussi bien au présent, dans ces années d’après 1830 où l’inefficacité des républicains de Florence et la passivité devant la tyrannie trouvent une résonance manifeste. La quête de soi qui conduit Lorenzo à l’autodestruction ne prend donc tout son sens que dans l’atonie politique de la cité, et son échec individuel contresigne celui de Florence devant ses tyrans. Zola l’avait perçu : « Il y a là un drame digne de Shakespeare. »
Edition d’Anne Ubersfeld.