Après la bataille d'Aigos Potamos, en 405 avant J.-C., la situation d’Athènes est désastreuse : l’armée défaite, les Longs Murs rasés, le trésor épuisé, le bref mais meurtrier gouvernement des Trente, tous ces malheurs, en quelques années, ont fondu sur Athènes ; et la brillante cité qu’avait connue le poète au début de sa carrière est désormais exsangue. Le ton de son œuvre s’en ressent : les circonstances sont si lamentables que le poète n’a plus guère le cœur d’en rire. La satire politique, qui n’est cependant pas absente de cette pièce, s’adoucit pour laisser la place à une comédie plus axée sur les mœurs et la société, mais tout aussi désopilante. Dans Ploutos, la Richesse en personne, guérie de la cécité à laquelle Zeus l’a condamnée, instaure lui aussi un ordre nouveau, où sont récompensés les justes, au grand dam des sycophantes et de quelques vieilles n’ayant plus de quoi entretenir les complaisances de leurs mignons. Pour Aristophane, la richesse est un dieu aveugle, mais en passe de devenir maître du monde.