À la manière d'un Vladimir Nabokov, Tatiana Tolstoï pose sur le monde un regard acéré et inattendu.
" J'ai travaillé pour "Les Nouvelles de Moscou" en 1991-1992, quand le régime soviétique était en train de vivre ses derniers jours. À cette époque, être journaliste avait un sens: il fallait réagir à toute vitesse aux changements en cours. Chaque semaine, chaque jour différait de ceux qui l'avaient précédé, la société était sous pression, tout le monde attendait des changements rapides et heureux pour une vie meilleure. En 1997-1998, le pays n'était plus le même, la société était à la fois beaucoup plus relax et plus individualiste. De nouvelles classes sociales étaient nées: la classe moyenne et la grande bourgeoisie. De nouveaux journaux étaient apparus sur le marché dont le "Télégraphe russe", un journal qui accordait une large place à la culture. J'ai travaillé pour lui. J'étais libre de choisir le thème et le genre. Malheureusement, la crise d'août 1998 a mis un terme à l'existence du journal. Il n'avait duré qu'une année, mais il est encore considéré par bien des Russes comme le meilleur journal du pays."Ces "Billets d'humeur incorrects" sont en grande partie composés des contributions de Tatiana Tolstoï à ces deux journaux russes. Maniant avec brio la digression et l'humour au vitriol, l'auteur s'interroge, encore et toujours, sur les voies qu'emprunte la culture russe dix ans après la fin du communisme. Elle aborde des sujets aussi divers que l'enseignement, l'écriture, les jambes des femmes, la psychanalyse sauvage... D'une plume impertinente, qui oscille constamment entre parodie, autoparodie et émotion, Tatiana Tolstoï emprunte des chemins de traverse, saute d'un pays à un autre, survole les siècles. Sa vision paradoxale, acérée, dépoussiérante, vient métamorphoser le connu, désamorcer l'attendu, tour à tour charmant et désemparant le lecteur, enchanté de se laisser surprendre.