Comme Jean Moulin, Berty Albrecht disparaîtra dans d'étranges conditions. Sa très forte personnalité et l'intégrité de son engagement ont elles aussi fini par déranger.
Issue d'une famille bourgeoise, Berty réfute très jeune son milieu, s'engage aux côtés des luttes sociales, milite pour le droit à l'avortement, et devient l'une des premières surintendantes d'usine. Après avoir infiltré le système de Vichy, elle détourne de nombreux documents, crée avec Henri Frenay un mouvement de résistance, trouve des imprimeries, et fonde le journal Combat en pleine occupation. Arrêtée en 1943, emprisonnée à Lyon, elle réussit à s'évader une première fois. Quelques mois plus tard, sur dénonciation, elle est appréhendée par la Gestapo. On ne retrouvera son corps qu'en 1945.
Telle une journaliste d'investigation, Mireille Albrecht va consacrer sa vie à élucider le mystère de la disparition de sa mère. Pendant vingt-cinq ans, elle va enquêter, des archives de Fresnes aux couloirs de l'Élysée, et réussir enfin à retrouver la personne qui l'a dénoncée. Cette femme, un agent double qui travaillait à la fois pour la Gestapo et les hautes autorités françaises, finira par tout lui avouer. Mireille ne manquera pas de filmer cette confession, replaçant la disparition de Berty Albrecht au coeur des secrets politiques passés à la trappe de l'histoire.
Dans ce livre, Mireille Albrecht nous entraîne dans les vingt années passées auprès de sa mère. C'est un document qu'on peut lire comme un conte dont la morale unirait le dépassement de soi à l'amour de la vie.