Sur le terreau de l'empirisme et du sensualisme fleurit au XVIIIe siècle en Europe une réflexion foisonnante sur les sens. Certes, le siècle des Lumières apparaît à maints égards comme celui du triomphe de la vue, mais ses auteurs font largement droit aux autres sens, notamment le toucher et l'ouïe.
Sur le terreau de l'empirisme et du sensualisme fleurit au XVIIIe siècle en Europe une réflexion foisonnante sur les sens. Certes, le siècle des Lumières apparaît à maints égards comme celui du triomphe de la vue, mais ses auteurs font largement droit aux autres sens, notamment le toucher et l'ouïe. Ils isolent le sens auditif pour cerner son fonctionnement propre et son apport spécifique mais s'interrogent également sur la question de savoir comment il coopère avec les autres sens en sorte que les informations reçues par leur intermédiaire se fondent en une représentation mentale unique du monde. Ces recherches sont conduites dans différents champs disciplinaires tels que la médecine, la philosophie, la théorie des arts issue de la critique littéraire, musicale voire picturale, mais aussi l'ethnographie et la linguistique. Au-delà des textes théoriques où elles sont exposées, elles trouvent un écho dans la création littéraire du temps.
Les études rassemblées dans le présent volume rendent compte de nombreux aspects de cette réflexion sur l'ouïe dans l'Europe des Lumières, qui témoigne de la fascination exercée par l'interaction entre les sphères physique et psychique à l'oeuvre dans la perception. Elles mettent également en évidence l'intense circulation des savoirs et des questionnements entre les espaces de langue allemande, française et anglaise et enrichissent la compréhension d'une discipline alors en plein essor, l'esthétique, science du sentir autant que du beau et de l'art.