Les langues romanes couvrent un espace communicationnel d'un milliard de locuteurs aux quatre coins du monde. Leur proximité culturelle permet de passer d'une langue à l'autre sans difficulté. Jean Jaurès l'avait pressenti dès les années 1910 et la montée en puissance de pays comme le Brésil montre tout l'intérêt de ces langues romanes capables de faire contrepoids à l'extension du " tout-anglais ". Le monde anglophone même marque le pas : la British Academy place ainsi parmi les dix plus importantes langues du XXIe siècle le français, l'espagnol, le portugais et l'italien.
Or, cet espace des langues romanes se fracture et se divise sans répit.
Pourquoi une telle incommunication ?
Ce numéro de la revue Hermès entend comprendre pourquoi un tel potentiel communicationnel peine à se mettre en place, tout en insistant sur l'intérêt de le développer. Il explore les potentialités des langues romanes, évaluent leurs divisions, leurs fracturations. Il examine ensuite comment le développement des NTICs, à l'heure où l'anglais est arrivé à son extension presque maximale, peut servir de marche-pied à un regroupement des " faibles " (francophonie, hisponaphonie, lusophonie), au sein de l'Unesco. Il imagine enfin l'avenir de ces langues au défi de la mondialisation et de ses enjeux géopolitiques.