La Petite Bibliothèque de Sciences Humaines
La société numérique en question(s)
Isabelle Compiègne
Aujourd'hui, le numérique est partout. La notion de " société numérique " semble se substituer à des expressions jusqu'ici consacrées telles que " société de l'information " ou " société en réseaux ", comme si elle en était une nouvelle étape. Elle insiste sur la puissance des technologies et leur marque laissée sur l'ensemble de la société. Elle est également l'affirmation de l'émergence d'une ère nouvelle, la marque d'une mutation radicale. Enfin, elle confère à ce mouvement un caractère homogène et universel. L'ère de l'homo numericus marquerait un nouveau moment de l'évolution de l'humanité. Toutefois, le succès grandissant de cette notion ne doit pas occulter le flou qui l'entoure tant au niveau de son contenu que de ce qu'elle recouvre. Ce livre très pédagogique fait le point opportunément sur une notion clé et les réalités complexes qu'elle recouvre.
Isabelle Compiègne est enseignante en psychosociologie de la communication et sémiologie dans l'enseignement supérieur à Lyon (BTS Communication, Pôle Supérieur Tertiaire Saint-Louis Les Chartreux). Elle a publié récemment Les mots de la société numérique, Belin, 2010 et Internet, histoire, enjeux et perspectives critiques, Ellipses, 2007.
Points forts
Sujet d'actualité
Ouvrage très pédagogique
Petit prix
Public concerné
Étudiants en Sciences de la communication, science politique, grandes écoles, etc.
Grand public
Parents
Au sommaire
Chapitre 1 : La société numérique. Quelles réalités ?
Mythe et imaginaires autour de la société numérique ; une histoire récente : de l'analogique au numérique, la mise en réseau de la société, vers le tout numérique ; un rapport au réel renouvelé, un environnement en voie de dématérialisation, nouveaux modes d'organisation du travail. Des pratiques et des expériences inédites : un monde mobile, un individu de plus en plus acteur, multiplication des connexions.
Chapitre 2 : Un accès à tout pour tous ?
L'accessibilité comme projet, droit auquel peuvent prétendre les individus, devoir au niveau des États et des politiques publiques, choix de société.
Les possibilités ouvertes par la numérisation de l'information et à l'essor des technologies de l'information et de la communication : croissance exponentielle du volume des données numériques disponibles, potentiel en matière de stockage de données de tout genre, vitesse de leur circulation et facilité de leur accès, bibliothèque numérique.
Limites de l'accès : en amont la volonté d'imposer des restrictions (problématique des droits d'auteur, du téléchargement, réponses juridiques.), en aval les difficultés des utilisateurs (fiabilité des ressources, stratégies de recherche, fracture numérique.)
Chapitre 3 : De nouvelles formes de sociabilité. Des liens renforcés ?
Des modes de sociabilité de plus en plus complexes : l'augmentation et la diversification des outils de communication et d'échanges, les nouvelles modalités de mise en contact, des liens sociaux à géométrie variable, de nouvelles configurations relationnelles.
Les caractéristiques de ces liens sociaux (médiatisation, tribalisation, virtualisation.) et leurs conséquences : ici exemple des adolescents et de l'impact des technologies relationnelles sur les formes de sociabilité juvénile.
Chapitre 4 : Une redistribution des pouvoirs ?
Un mouvement vers le " participatif " : le renforcement des dispositifs favorisant cette tendance, l'émergence de nouveaux espaces publics d'expression, démocratie participative, thème du cinquième pouvoir.
Le renversement annoncé de certains modèles économiques dominants : place des industries culturelles, théorie de la Longue Traîne, la montée en puissance des biens communs.
Le partage des pouvoirs : enjeux des SMSI, gouvernance. Entre utopie et idéologie : l'épreuve des faits.
Chapitre 5 : Qui est l'homo numericus ?
Un homme " hypermoderne " : la personnalisation, la construction de soi, ubiquité et immédiateté.
La multiplication des identités : la tentation de l'anonymat, manipulations identitaires, identité numérique, identité biométrique.
Splendeurs et misères de l'homo numericus : un homme entre deux mondes, les attraits du virtuel, le danger de la cyberaddiction notamment chez les jeunes, exemple des otakus et autres hikikomoris au Japon, de l'intelligence artificielle à l'intelligence augmentée, une transparence redoutable.
Chapitre 6 : Société de liberté ou de contrôle ?
La liberté comme promesse et idéal : une société fondée sur la liberté (thèmes de la libre circulation, du village global.), l'affranchissement des contraintes spatiales et temporelles, de certaines tutelles.
Le danger de l'aliénation et la tentation du contrôle : la cybercriminalité et la sécurité comme motifs, des technologies propices aux dérives (thèmes de la traçabilité avec puces RFID et la géolocalisation, la veille, le commerce électronique.) la tendance à la banalisation de l'exposition et de la divulgation des données personnelles, les risques de leur exploitation et d'un possible fichage, la porosité des frontières vie privée/vie publique.
Chapitre 7 : Une nouvelle manière de penser ?
Une organisation des savoirs bouleversée : la médiation technique et les assistants cognitifs externes, la dématérialisation, la structure hypertextuelle, des contenus " augmentés ", l'affranchissement des contraintes spatio-temporelles.
Une relation à la connaissance et à la culture qui se transforme : de nouvelles modalités de consultation et d'appropriation (navigation, fragmentation, immédiateté de l'accès, sollicitations multiples.) et donc de nouvelles formes de lecture, horizontalité et interactivité de l'accès aux savoirs, la surcharge informationnelle.
Des façons d'apprendre et de réfléchir en pleine évolution : le rôle de la mémoire en question, des méthodes apprentissage renouvelées, une appréhension de la complexité favorisée ou bien le risque d'une mécanisation des cerveaux.
Chapitre 8 : Un développement incontrôlable et imprévisible ?
Un constat : la difficulté de prévoir l'appropriation et les usages des technologies constitutives de la société numérique. Éléments de prospective. Les moyens d'une certaine maîtrise : les enjeux de l'apprentissage et de l'éducation, la régulation, l'inscription dans des choix de société.