" Par l'originalité et la multiplicité de ses sujets et par la pluralité des disciplines dont elle relève, l'œuvre de Norbert Elias (Breslau 1897- Amsterdam 1990) est aussi imposante que difficile à embrasser. C'est ce que réussit ici Nathalie Heinich en suivant Elias dans son activité favorite de saute-frontière, de la sociologie à l'histoire, de la psychologie, voire de la psychanalyse, à l'anthropologie, à la science politique... "
LIBÉRATION
Né en Allemagne dans une famille juive en 1897, mort aux Pays-Bas en 1990, Norbert Elias se forme à la sociologie après des études de médecine et de philosophie, puis il enseigne en Angleterre où, fuyant l'Allemagne nazie, il s'est réfugié avant la Seconde Guerre mondiale, après une vaine tentative d'installation en France. La réception de l'œuvre d'Elias fut brouillée par ces avatars de l'histoire : ce n'est qu'à partir de la fin des années soixante que ses ouvrages commencent à être traduits en français. Ils portent sur l'histoire de l'autocontrôle de la violence et l'intériorisation des émotions (dans des domaines aussi divers que les manières de table, le sport, la musique, les rapports entre les sexes ou la mort) ainsi que sur les conséquences d'une redéfinition des relations d'interdépendance (dans le rapport au temps, au groupe de référence ou à la situation) qui ouvre à une véritable " révolution copernicienne " en sociologie. Ce livre rend compte de l'originalité d'une pensée qui a su inventer de nouveaux objets, mais aussi des façons nouvelles d'aborder la recherche sociologique.