L'ENSEIGNEMENT DE LA SYNONYMIE À L'ÉCOLE PRIMAIRE : ÉTAT DES LIEUX ET RECHERCHES INNOVANTES POUR UNE ARTICULATION ENTRE ENSEIGNEMENT DU LEXIQUE ET PRODUCTION ÉCRITE
Résumé : La contribution se propose de situer l'enjeu, la place et le statut de l'enseignement de la synonymie à l'école élémentaire. Elle rappelle tout d'abord son statut dans les programmes actuels de l'école primaire et du collège. Elle présente ensuite rapidement les pratiques dominantes, à travers l'analyse de quelques extraits de manuels de cycle 3 d'école primaire (élèves de 9 à 11 ans) et de sixième de collège. Cet enseignement traite les différentes relations sémantiques de manière juxtaposée et atomise les contenus de l'en- seignement du lexique, en laissant peu de place au réemploi des unités lexicales enseignées. En contraste avec ces pratiques, sont présentées des activités innovantes, mises en œuvre dans une vingtaine de classes de cycle 3 d'école primaire, dans le cadre d'une recherche collaborative. La séquence conçue s'attache à l'articulation entre enseignement du lexique et production d'écrit et propose aux élèves des activités d'observation de discours, textes littéraires, notamment albums de littérature de jeunesse, et des activités de catégorisation d'unités lexicales de sens proches, ici des verbes de déplacement, pour les aider à en explorer et à en expliciter les conditions d'emploi et les constructions syntaxiques. Nous analyserons quelques exemples de classifications proposées par des élèves de 9 ans et le traitement qu'en propose l'enseignant.
LA TRADUCTION EN ITALIEN DE « UNE MARTYRE » DE LÉON BLOY SYNONYMIE, CITATION : DU LEXIQUE À L'INTERTEXTE
Résumé : On se propose dans cet article d'aborder la question de la synonymie sous un angle particulier, celui de la traduction, considérée comme une forme de citation. Ceci implique l'examen de la pluralité de voix qui peuvent se faire entendre dans un texte, en particulier quand elles appartiennent au narrateur et à des personnages très individualisés mais aussi relèvent de l'intertextualité. Ces questions sont examinées à propos de la traduction en italien de la nouvelle de Léon Bloy « Une martyre ».
LE TRAITEMENT LEXICOGRAPHIQUE DE LA SYNONYMIE À L'AIDE DE LA LINGUISTIQUE DE CORPUS : LE CAS DE PROFIT ET DE SES SYNONYMES
Résumé : Dans cette étude nous nous occuperons du traitement des quatre premiers mots de la liste de synonymes du substantif profit proposée par le dictionnaire électronique des synonymes. Nous chercherons à désambigüiser chaque synonyme à l'aide des critères empruntés à la linguistique de corpus, notamment ceux de collocation et de colligation et nous mettrons en évidence comment la présentation des contextes d'emploi des mots dans les dictionnaires peut aider le locuteur à choisir le mot juste.
CHARLES BALLY ET LA SYNONYMIE, OU « LA COMMUNAUTÉ D'USAGE » D'ABORD
Résumé : Dans cet article, est analysée la place faite à la synonymie dans le cadre de la stylistique de Charles Bally à partir du Précis de stylistique (1905) et du Traité de stylistique française (1909), ainsi que d'autres travaux posté- rieurs. Nous montrons que la synonymie est envisagée aussi bien comme prin- cipe linguistique que comme « technique » d'apprentissage apte à dépasser le clivage traditionnel entre vocabulaire et grammaire. Qui plus est, les distinc- tions synonymiques sont expliquées à partir d'un certain nombre de paramètres de variation qui font ressortir l'inscription sociale de l'activité langagière et contribuent à situer la stylistique sur ce même terrain. En parallèle, nous mettons en regard le traitement de ce phénomène avec les traditions synonymique et lexicographique françaises, ainsi qu'avec les principes saussuriens, ce qui permet d'apprécier la rupture de la nouvelle discipline par rapport aux domaines limitrophes et la relative autonomie des vues de l'un des premiers représentants de l'École de Genève par rapport à la pensée de Ferdinand de Saussure.
LE RÉGIONALISME LINGUISTIQUE PEUT-IL ÊTRE UN SIMPLE SYNONYME ?
Résumé : Désireux de fournir une description qui soit la plus large possible des usages de la langue française, le Petit Robert offre une ouverture intéressante à la variation lexicale hexagonale. Notre contribution analyse la place et le rôle que joue dans ce dictionnaire l'introduction de régionalismes sous la forme de simples synonymes.
« LA TRISTITUDE ÇA N'EXISTE PAS ». SYNONYMIE ET VALEUR DIFFÉRENTIELLE DU SUFFIXE -(I)TUDE
Résumé : Dans une réflexion sur la synonymie, la question du sens attri- buable aux suffixes fait l'objet de débats. On considère habituellement que leur concurrence pour une même opération catégorielle et le rôle de l'usage, dans son arbitrarité, pour déterminer la forme du dérivé, manifestent leur indifférenciation sémantique. Cette position paraît confirmée par la réception des néolo- gismes issus d'un changement de suffixe. Taxées de barbarismes par le public, ces créations sont rejetées au nom de leur inutilité et de l'ignorance qu'elles manifesteraient. Michel Arrivé a ainsi suivi en son temps l'accueil du célèbre bravitude de Ségolène Royal. Le goût de l'épilinguistique développé dans les médias après bravitude est à la source de créations ludiques ultérieures. Une chanson mise en ligne en 2011, « La Tristitude », s'emploie à définir le nou- veau concept en décomposant ses éléments de formation. Une spécificité du suffixe -(i)tude par le sens autant que par la forme s'y dessine à travers les associations mémorielles entre substantifs concernés et la prise en compte de valeurs aspectuelles de l'affixe. La prégnance sémantique du substantif atti- tude dans un mode de formation néologique proche du mot-valise ajoute sa valeur propre. Cette différenciation sémantique de tristitude par rapport à tris- tesse n'est pas pour autant le gage de son adoption, strictement cantonnée pour l'instant à la connivence autour de la chanson.