Medienkulturgeschichtliche Verortung des Theaters in der Moderne
Theatre is not a simple medium. On the one hand, it is a performative art form that involves all the human senses : it lives from the spoken word, captivating voices and intonations and the power of immediate performances which have their roots in the magical practices of oral cultures and personal communication. On the other hand, theatre (as we know and practice it in the Western world) is deeply rooted in the momentous origin of the phonetic alphabet in ancient Greece. Since its beginning, theatre has operated at the point of conflict between the drama's textuality (the "roll" of the text) and its theatrical realisation on stage (the “role” of the actor or actress). To investigate forms of theatre in the contexts of modern culture and media, the following article deals with both sides : the intrinsic medial aspects of theatre (the importance of writing and performing, actors and actresses or the architectural and social dispositives of theatre as a cultural institution) and the various influences of modern media such as photography, phonography, (silent) movies or radio in the years between 1870 and 1930.
Le théâtre est un média complexe. D'une part, c'est un art performatif qui fait appel à tous les sens humains. C'est le mot parlé qui le fait vivre : des voix et des intonations qui nous interpellent ainsi que le pouvoir des performances immédiates qui ont leurs racines dans les rites magiques des civilisations orales et dans la communication personnelle. D'autre part, le théâtre – comme nous le connaissons et pratiquons dans le monde occidental – a des racines très profondes dans le moment capital de la naissance de l'alphabet phonétique dans l'ancienne Grèce. Depuis ses débuts, le théâtre a œuvré dans une situation conflictuelle, à savoir dans la confrontation de la textualité du drame écrit (le « rouleau » du texte) et de sa réalisation théâtrale sur scène (le « rôle » de l'acteur ou de l'actrice). Afin de mieux comprendre les formes du théâtre dans le contexte du monde et des médias modernes, le présent article se propose d'examiner les deux dimensions : les aspects intrinsèquement médiaux du théâtre (l'importance de l'écriture et de la performance, les acteurs et les actrices, les articulations sociales et architecturales du théâtre en tant qu'institution culturelle) ainsi que les influences des médias modernes comme la photographie, le phonographe, le cinéma muet ou encore la radio dans les années 1870-1930.
Angelika JACOBS - Aneignung und Vision Mediale Strategien der Desillusionierung und Mobilisierung bei Kierkegaard und im symbolistischen Theater
This article aims to determine potential synergies between the Protestant mode of appropriation of the (holy) word in the reading process and the multi-medial theatrical presentations of symbolism, which are intended to evoke an inner vision in the spectator. Both the Protestant and the symbolist model involve the development of disillusionment strategies that rely on the aesthetic impact of image and sense deprivation and promote the engagement of the reader/the spectator through the targeted use of media.
La contribution vise à ébaucher les potentiels de synergie entre le modèle protestant de l'appropriation de la parole dans le procès de la lecture utilisé par Kierkegaard, et les formes plurimédiales du théâtre symboliste qui, elles, cherchent à provoquer une vision intérieure chez le spectateur. Kierkegaard, autant que les symbolistes, développe des stratégies de désillusionnement misant sur une esthétique d'effet qui, par l'absence de l'image et du sens et par un usage spécifique de médias, stimule le lecteur/spectateur.
Anke BOSSE- Depersonalisierung des Schauspielers Zentrales Movens eines plurimedialen Theaters in Moderne und Avantgarden
The retheatralization movement enabled modernist and avant-garde theatres to free themselves from the dictates of literary drama and stage dialogue to develop into an autonomous art form. To achieve this end modernist and avant-garde directors capitalized on the expressive modes that had been at the core of the theatre from its earliest beginnings : the stage and the actor. The present article focuses on the actor, starting from the fundamental problem that actors pose in this perspective : the actor manifests himself both by his individual phenomenal body and by the semantic body of the role that he performs. Given their ideal of the theatre as a pure art form, the modernists attached enormous importance to the semantic body as a carrier of specifically theatrical signs. This meant that the actor had to be depersonalized to the point of being replaced by a pure sign. The search for effective means of depersonalization was pursued in modernist theatres all over Europe. In this process, the semiotic purity of the marionette served as a model. This movement involved a strong sense of abstraction, mobilizing spectators and prompting them to become co-creators of the theatrical event, and it promoted great openness towards the modern media and other art forms, including photography, film, gramophone, the visual arts, music and architecture. In its most extreme articulation, this plurimedia theatre leads to a form of self-annihilation when actors are replaced altogether by animated geometric forms, coloured spotlights, and so on. The process of depersonalization has had a major impact in theatrical practices from the work of Maeterlinck to the Bauhaus projects. The article sets out to trace the various stages of this development.
Le mouvement de rethéâtralisation permit au théâtre du modernisme et des avant-gardes de s'émanciper du drame et du parler sur scène afin de devenir un art à part entière. À cette fin, les modernistes et les avant-gardistes se focali-sèrent sur les modes d'expression propres au théâtre depuis ses origines : la scène et -l'acteur. Le présent article fait la part belle à l'acteur. Ce dernier pose un problème fondamental : Inévitablement, il se présente à la fois par son corps phénoménal et individuel et par le corps sémantique du personnage qu'il joue. Or, pour le théâtre, œuvre d'art pure, telle que les modernistes et avant-gardistes l'envisageaient, rien n'importait plus que ce corps sémantique, porteur de signes propres au théâtre. Par conséquent, il fallait dépersonnaliser l'acteur jusqu'à le bannir de la scène et à le remplacer par un signe pur. Trouver les moyens dépersonnalisants les plus efficaces devint une quête menée dans toute l'Europe. Parmi ces moyens, la marionnette, signe pur par essence, joua le rôle clé de modèle. L'abstraction fut le fil conducteur de ce mouvement, puisqu'elle mobilise le spectateur en tant que « co-créateur » ; l'ouverture vers les média et les arts voisins : la photographie, le film, le phonographe, les arts plastiques, la musique et l'architecture fut la voie privilégiée. Au paroxysme de cette évolution, le théâtre plurimédial engendra sa propre disparition en procédant au remplacement de l'acteur par des formes géométriques animées, des lumières colorées etc. De Maeterlinck au Bauhaus, la dépersonnalisation eut un impact considérable dont l‘auteure du présent article se propose de retracer les différentes étapes.
Edith Anna KUNZ - « Es werde Licht ! » – zum Einsatz neuer Medien im futuristischen synthetischen Theater
I would like to show, on the basis of the example of some futuristic theater pieces (sintesi), to what degree the futuristic theater has contributed to the modernisation experiments of the historical Avantgarde. Technical means and the modern media as major actors on the stage play an important role in this process. Shrill and aggressive games with the newly developed electric light are in the center of these experiments. The actual light on the stage is accompanied in the futuristic discourses by a metaphorical rhetoric, suggesting illumination and the violent and speedy transformation so dear to the futurists.
This essay attempts to read the theater pieces not only in view of the futurist manifests, but also in relation to older traditions, even if the futurists insistently want to denie such relations. It is thus possible to show that the futurist theater participates most interestingly in a wider European context of modernism where it is more than just the realization of its manifests.
Le présent article se propose d'étudier, à travers certaines pièces brèves du théâtre futuriste (sintesi), la manière dont ce dernier a influencé les mouvements de modernisation du théâtre d'avant-garde. Un rôle central revient à la technique et aux médias modernes qui deviennent des acteurs principaux de la scène. Un jeu imposant et agressif ainsi que les nouveaux éclairages électriques en occupent le centre. La lumière, jusqu'alors élément du décor scénique, resplendit aussi dans les discours futuristes de manière métaphorique et tient lieu d'illumination et de symbole du renouvellement soudain et violent revendiqué par les futuristes.
Cette approche ne se limite pas à lire les pièces de théâtre en question à partir des manifestes futuristes, mais aussi à la lumière d'une tradition – bien que cette dernière soit rejetée avec insistance par le discours futuriste. Un déni qui démontre que l'art – dramatique – futuriste participe du mouvement de renouvellement européen à partir du moment où il représente davantage que le simple aboutissement des manifestes.
Carsten ROHDE - Totalität Zu einem Schlüsselbegriff der modernen Romantheorie und seiner Dekonstruktion im Werk Robert Menasses
The notion of “totality” is central to the theory of the modern novel. Philosophers, e. g. Hegel and Lukács, have determined it in a historico-philosophical sense ; many authors of the twentieth century have refered to it or worked with it implicitly. In the age of postmodernism which is rather sceptical concerning concepts of wholeness the semantics and poetics of totality have become more and more doubtful. At the same time the question arises if there are alternative, postpostmodern forms of totality in the novel. The article trys to delineate the career of the notion, and with Robert Menasse it treats a contemporary novelist whose work is centered around the notion of “totality” like perhaps no one else.
La notion de « totalité » occupe une position centrale dans la poétique du roman moderne. Des philosophes comme Hegel et Lukács lui ont conféré une dimension historique et philosophique, et de grands auteurs du XXe siècle s'y sont référés ou l'ont repensée implicitement. Le scepticisme de l'ère postmoderne envers l'idée de totalité a rendu de plus en plus douteuses ses significations et sa poétique ; cela n'en pose pas moins la question d'autres formes, post-postmodernes, de la totalité dans le roman. L'article entreprend ainsi de retracer l'évolution de cette notion et s'appuie sur Robert Menasse pour analyser une œuvre romanesque contemporaine construite peut-être, plus que toute autre, autour de la notion de « totalité ».