À partir de la Renaissance, le retour à l'Orient devient de plus en plus fréquent : il ne se contente plus d'habiter l'imaginaire de l'Occident comme une marche idéale vers la lumière, qu'on l'entende au sens propre ou à celui, figuré, de soleil-connaissance. Il prend d'autres dimensions. Il se manifeste sous la forme d'un goût précis pour ce qui est oriental en même temps que sous celle de la nécessité attachée au quotidien.
Dès la fin du XVIIIe siècle et particulièrement au XIXe, tandis que les nationalismes se manifestent et s'amplifient et que les expéditions de conquête hors l'Europe se multiplient, le voyageur solitaire continue à diriger ses pas vers l'Orient en quête de la connaissance de soi et, peut-on dire, dans le cadre d'une marche intense vers l'écriture : la génération romantique recherchera avec application l'élément exotique. Si ce n'est, néanmoins, que, dans le cas de Gérard de Nerval, quelques particularités se manifestent. Pour lui, en effet, l'Orient n'est plus l'autre rive : c'est son être-même qui, à travers le processus de l'écriture, tente de réussir sa guérison.