Parmi les personnages de fiction que nous présente la littérature anglaise depuis plus de deux siècles, le pasteur anglican occupe une place de choix. Héros de roman ou figure secondaire, admirable ou ridicule, sympathique ou odieux, influent ou méprisé, conformiste ou original, il suscite presque toujours quelque curiosité, ne rencontrant guère d'indifférence. Cet intérêt nous semble résulter de deux facteurs principaux, l'un social, l'autre religieux, qu'il convient d'examiner séparément.
C'est un fait que, plus qu'aucun autre de ses représentants, le pasteur anglican n'a cessé d'être un personnage familier de la société anglaise, souvent intimement mêlé à la vie de chacun de ses membres. Au temps où le médecin ne jouissait pas en Angleterre du prestige et de l'influence qu'il connaît de nos jours, et en l'absence des conseillers et orienteurs de tous ordres dont bénéficie la société moderne, le pasteur fut non seulement celui qui présidait aux grandes étapes de l'existence humaine, de la naissance à la mort, mais aussi l'ami, le guide et le consolateur, intervenant dans tous les grands instants de la vie.