Les satiriques élisabéthains sont, en général, fort mal considérés. Leur réputation d'obscurité, leur sombre véhémence, la rudesse obstinée de leur style font souvent oublier qu'ils ont su renouveler l'esprit et la forme de la satire anglaise. Quand un historien reconnaît l'importance de leur contribution à la formation du genre satirique, il s'attache, la plupart du temps, à découvrir de quelle manière ils annoncent Dryden et Pope, et il les juge comme des précurseurs malhabiles, qui cherchent la bonne voie sans la trouver.
Notre propos, dans cet ouvrage, ne sera pas de définir ainsi leur place dans l'histoire littéraire. Il sera d'essayer de les comprendre en observant leur comportement intellectuel et artistique. Nous espérons de cette manière pouvoir mesurer plus exactement la signification du renouvellement qu'ils ont accompli. Aussi est-ce à la lecture de leurs œuvres que nous allons surtout demander de nous éclairer sur le sens de leurs choix esthétiques et de leurs opinions morales.