Il ne viendrait à l'esprit d'aucun médiéviste de nier que la poésie allemande du Moyen Âge est venue chercher en France l'exemple dont elle avait besoin pour s'épanouir. Elle emprunte aux auteurs français thèmes, genres et techniques littéraires. Considérant l'ensemble de la littérature européenne au Moyen Âge, E. R. Curtius a montré qu'on ignorait alors l'état d'esprit étroitement nationaliste et que les poètes des différents pays, instruits dans les écoles conventuelles ou capitulaires par le commerce quotidien avec les grandes œuvres de l'Antiquité, avaient en fait les mêmes préoccupations et les mêmes conceptions esthétiques. Il n'y a donc pas lieu de s'étonner lorsque l'on constate que tout ce qui s'est imposé en France dans le domaine de l'art apparaît presque aussitôt après en Allemagne.