À la fin du IVe siècle av. J.C. s'opère un évènement musical et philosophique sans précédent en Grèce : un disciple d'Aristote, Aristoxène de Tarente, réfute pour la première fois les thèses musicales, jusqu'alors hégémoniques, des Pythagoriciens, dans son Traité d'Harmonique.
Comme s'effectue cette révolution, qui donne naissance à une science musicale autonome, délivrée du joug des mathématiques, dotée de principes et d'une méthode à elle propres ? Quelle était la structure originelle de l'ouvrage, que la tradition manuscrite a dénaturée ? En quoi Aristoxène s'appuie-t-il sur l'acquis aristotélicien, — qu'il dépasse ici, lui qui ajoute au corpus des sciences aristotéliciennes une discipline que le Lycée n'avait fait qu'effleurer ?
La musique sera aristotélicienne ou ne sera pas : telle est la leçon d'Aristoxène ; elle sera une science de la nature et du mouvement, autant dire une Physique. C'est ce que montre cette étude, à la croisée de la philosophie et de la musique, à la recherche d'un texte lacunaire ou altéré, encore peu connu des hellénistes.