Alors que le renouveau des idées politiques, sociales, morales à Athènes conduit l'éducation, vouée surtout au projet oratoire et formel des sophistes, vers une exigence intellectuelle plus authentique, Isocrate, en 393, et Platon, en 387, ouvrent successivement leur « école ». Dès lors s'installe pour longtemps entre la philosophie et la rhétorique un équilibre instable, fait de rivalités et d'affrontements, mais aussi d'apparentements et de mutuelles séductions. L'œuvre d'Isocrate correspond à la mise en place de cette tension, qui est ainsi dès l'origine au cœur du débat sur l'éducation.
Mais l'apprentissage de l'éloquence, d'abord « simple » acquisition de l'art oratoire, vise une éducation politique, puis parce que la voie apparement rectiligne choisie par Isocrate comporte aussi, comme l'itinéraire platonicien, son « détour » un idéal de culture, dont toute l'histoire de l'éducation, jusqu'à nous, porte la marque. Isocrate, rhétorique et éducation, retrace à travers l'étude de la pédagogie puis, plus largement, de la paideia isocratique, la naissance et le développement d'un projet majeur d'éducation rhétorique, rival souvent heureux, au cours de l'histoire, de l'éducation « philosophique » : Isocrate a ouvert une école qui, en Occident, n'a plus jamais fermé ses portes...