Le Guzmán de Alfarache de Mateo Alemán, l'un des grands classiques de la littérature espagnole du Siècle d'Or, est une œuvre complexe et d'accès difficile qui a suscité des interprétations multiples et souvent divergentes, car elle se prête à plusieurs lectures selon que l'on s'attache prioritairement au genre littéraire auquel elle appartient, à la matière profane, essentiellement socio-économique, qu'elle met en œuvre, ou à la leçon de théologie morale qu'elle tire systématiquement d'un tableau sans complaisance des mœurs d'une société et d'une époque.
En considérant Mateo Alemán comme un authentique moraliste chrétien et le Guzmán comme un long catéchisme illustré dans le droit fil des prescriptions alors très actuelles du Concile de Trente, le travail mené à bien par Monique Michaud est allé, semble-t-il, à l'essentiel. L'idée n'était pas nouvelle, mais cette thèse se fonde, de façon à la fois humble et exigeante, sur une analyse strictement textuelle de l'ouvrage, renforcée par une étude comparative des différentes œuvres du même auteur (et accompagnée d'une remarquable série de croquis et de graphiques), qui n'avait jamais été conduite avec autant d'application et de minutie.