La pensée sauvage (Cl. Lévi-Strauss) est le titre prototypique qui représente le mieux les recherches sur les fondations du social et de la vie des hommes. Les travaux de Charles Amouroux sont de ce courant : élaborer les grandes structures natives de la société.
À partir d'une rigoureuse observation de terrain, l'auteur répond à la question simple et fondamentale : comment vivent des personnes coupées à vie de notre champ social ? Interrogation qui en appelle d'autres : en ces situations extrêmes n'existe-t-il pas l'émergence d'une règle sociale et politique ? Les échanges ne tissent-ils pas un lien social polymorphe — économique autant qu'affectif — que renforceraient des rites inventés ou réinventés ? des identités peuvent-elles ne pas transparaître ?
La réponse de Charles Amourous est affirmative. Il existe une vie sociale native, un noyau dur des vécus sociaux. Les désappropriés que nous abandonnons hors de notre champ inventent, de façon endogène, une société naissante, à l'état premier, qui règle, organise, échange, ritualise et identifie.
Qui s'intéresse à la socialité et à la vie de la Cité peut puiser dans cette recherche une lecture du fondamental.