À la Renaissance, le terme de « prononciation » définit prioritairement le champ de l'action rhétorique et réfère à la part sensible du discours de l'orateur (le geste et la voix).
Or, à un moment où l'imprimé semble d'ores et déjà s'être imposé, la lecture à haute voix et l'art de bien prononcer continuent à être valorisés dans les pratiques culturelles et cet ouvrage tente de montrer qu'à la Renaissance et encore au XVIIe siècle, l'écrit est, malgré une idée reçue, concurrencé par l'oral.
Cette concurrence entre deux modes de transmission possibles des textes n'est pas seulement analysée ici en termes théoriques (à travers les arts poétiques ou rhétoriques et les discours sur les langues) mais elle est aussi étudiée en termes pratiques, c'est-à-dire dans des domaines où l'expression orale et la diction sont nécessaires : poésie, musique, oraison et théâtre.
Au terme d'un parcours qui fait ainsi passer de la prononciation en poésie à l'articulation des langues vulgaires, cet ouvrage se propose donc de réévaluer la relation entre le dit et l'écrit afin de montrer que les XVIe et XVIIe siècles n'ont pas négligé ce que Paul Zumthor appelait la « voix » et ont même réfléchi à la manière dont la possible profération d'un texte pouvait influer sur son écriture même.