Dès la fin du XIIe siècle, des trouvères ou simplement des copistes eurent l'idée de regrouper dans un même manuscrit des poèmes épiques d'époques et d'auteurs différents, dont l'unité était cependant sauvegardée par un héros principal ou par plusieurs personnages du même lignage. Ainsi apparurent les cycles. C'est à l'un des plus célèbres d'entre eux, le cycle de Guillaume d'Orange, qu'appartient La Prise d'Orange.
Si l'on excepte les Enfances Vivien, le Moniage Rainouart, et la Bataille Loquifer, les chansons de ce cycle accordent un rôle important à Guillaume et composent une biographie du comte depuis sa turbulente jeunesse jusqu'à sa fin édifiante. Chaque poème constitue comme un chapitre de cette histoire : après des débuts héroïques (Enfances Guillaume), il devient le protecteur du roi légitime (Couronnement de Louis) : mais payé d'ingratitude, il devra conquérir des fiefs sur les Sarrasins. Il prend Nîmes par ruse (Charroi de Nîmes), puis s'empare d'Orange avec l'aide de la reine Orable dont il a gagné le cœur (La Prise d'Orange). Il fera de cette dernière ville sa résidence et le centre de son action contre les Infidèles (Chevalerie Vivien, Aliscans) et ne le quittera que pour entrer en religion (Moniage Guillaume).
La Prise d'Orange est la base de cet édifice et semble être le noyau autour duquel s'est aggloméré le cycle tout entier ; en réalité clans sa forme actuelle, elle n'est qu'un renouvellement assez récent d'une chanson plus ancienne de tonalité très différente.