Reposant sur une documentation très neuve et très étendue, ce livre ressortit à la fois à l'histoire littéraire et à celle des idées.
C'est à plusieurs titres que les milliers de libelles de la Fronde — les fameuses Mazarinades — intéressent la vie littéraire du XVIIe siècle.
D'abord par l'engagement massif des écrivains dans les luttes politiques : car toutes les bonnes plumes du temps se sont exercées à la polémique, où de grands noms de notre littérature pré-classique et classique, Retz et La Rochefoucauld, Saint-Amant et Balzac, Cyrano et Scarron, Sarasin et Saint-Evremond, rejoignent des auteurs aujourd'hui moins connus, mais alors en renom : Scudéry et Patru, Silhon et Naudé, Benserade et Segrais, Boisrobert et Colletet, Furetière et Arnauld d'Andilly, Marigny et Blot, bien d'autres encore.
D'autre part, tous les courants littéraires ont contribué à l'expression de la révolte, tous les genres en prose et en vers — une mazarinade sur trois est en vers — y ont été utilisés, même les genres dramatiques ; le baroque déclinant y côtoie le goût du romanesque, un maniérisme précurseur de la préciosité envahit les pièces encomiastiques, le burlesque y explose en satires, en chansons, en triolets et en ballades. Dans ce déferlement du verbe, la prose s'affine et progresse à la fois en force et en fluidité : elle s'oriente de plus en plus vers une efficacité fondée sur la brièveté.
Enfin, ce corpus immense de textes de nature et de ton très divers, s'adressant à des publics variés, nous offre la chance de saisir, à l'aube du classicisme, les multiples composantes de la culture populaire et savante, de mesurer l'audience de nos écrivains de la première moitié du siècle et des âges précédents, d'observer des infléchissements significatifs dans l'évolution de notre langue, d'appréhender aussi les lenteurs et les pesanteurs de toutes sortes qui ralentissent, dans les domaines philosophique et scientifique, le mouvement des idées.