Dans ce volume d'hommages, qui rassemble les contributions de vingt-huit universitaires renommés, spécialistes du XVIIIe siècle et comparatistes, le lecteur trouvera, revivifiés par l'amitié, les figures et les courants qui ont passionné Jacques Lacant, dans un siècle à la fois un et divers, paradoxal.
Au cœur du volume, Marivaux, objet de la prédilection et des principales études du destinataire, est examiné comme poète de la parole et du regard, ainsi que dans ses rapports, plus complexes qu'on ne le croit, avec Voltaire. D'autres écrivains du XVIIIe siècle, français et allemands surtout, donnent lieu à des analyses qui les rattachent à des sources étrangères ou à un impact immédiat à l'étranger : Saint-Simon est présenté comme l'auteur d'une Espagne imaginaire, Voltaire comme critique aussi brillant que piètre adaptateur de Shakespeare, Rousseau comme probable tributaire de Gellert, Maupertuis comme continuateur de Newton, Schiller dans ses rapports avec l'esprit de la Révolution française, Goethe dans ses premiers contacts avec la langue et le théâtre français, avant de devenir le père d'un genre romanesque européen problématique, Riederer comme traducteur libre et décisif de Challe. D'autres écrivains encore sont abordés plutôt selon une image inattendue d'eux-mêmes et de l'Europe du XVIIIe siècle : un Diderot maître de l'allégorie, un Lessing scrutateur des ambiguïtés et non des défaillances de la vertu, un Hölderlin dont la Diotima transfigure une prêtresse qui ne doit pas seulement son existence à Platon, mais aussi un Cazotte et un Crébillon fils amateurs voire auteurs de chansons !