Le théâtre d'Audiberti dérange les habitudes. La critique, déconcertée, ne sait comment classer ces farces tragiques, ces opéras parlés, ces comédies insolites qui ont nom La Fête noire, La Hobereaute, L'Effet Glapion. Étiqueter une œuvre étant souvent le meilleur moyen d'en réduire la singularité, elle a donc décrété que le baroque y régnait en maître.
Jean-Yves Guérin, répudiant tout fétichisme nominaliste, examine ici, à la lueur des plus récentes études sur le baroque, tour à tour la doctrine abhumaniste dont Audiberti s'est voulu le héraut, le complexe thématique et la dramaturgie qu'elle dessine, enfin le prestigieux verbe du poète. Ce théâtre fuligineux y acquiert une densité et une cohérence surprenantes mais dont il n'est pas sûr qu'elles doivent être mises à l'actif du baroque.