L'œuvre éducative de Fénelon est à la fois originale, diverse et immense ; originale parce que ses positions sur l'éducation tranchent avec l'opinion générale, souvent sévère de ses contemporains ; immense parce que l'intégralité de son œuvre spirituelle est destinée à instruire les hommes et les femmes ; diverse parce que son style peut prendre les formes les plus variées.
Dans ce foisonnement, le Traité de l'éducation des filles apparaît comme le moment inaugural déterminant où l'idée de respect de la nature s'affirme avec fermeté.
Quelle éducation faut-il réserver aux filles ? À partir de quand et jusqu'à quel point doit-elle différer de celle des garçons ? C'est à la rencontre des tensions sociales, naturelles et religieuses que se trouvera la réponse. Il n'est pas dit que la finalité ultime qu'assigne Fénelon à l'éducation des filles soit si éloignée de nos préoccupations, comme en témoignent deux lecteurs aussi différents qu'André Gide et François Mauriac.